Manipulation et Désinformation 2/3 : Carte Blanche à Dominique Blanc :: Mercredi 4 mai à 20h30

L’utilisation de l’image par les media en terme de « buzz », de partialisation de l’information, voire de parti pris ou bien sûr de manipulation et propagande a beaucoup été débattue. Il existe en miroir une désinformation, où des évènements majeurs ne sont que peu ou pas traités, appelée  l’ignorance volontaire  par Orson Welles et développée par Noam Chomsky et autres analystes. Enfin, on peut être abreuvé, saturé d’informations ou de pseudo-informations qui n’éclairent pas vraiment sur le sujet ou ne permettent pas aux citoyens de s’en emparer pour en faire quelque chose, ou réagir à temps. Qu’en est-il au cinéma ?

 

Mercredi 4 mai à 20h30
Videodrome 2, 49 Cours Julien, 13006 Marseille
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Ouverture de la billetterie 30 minutes avant le début de chaque séance

Le cinéma  ne répond pas « dans l’urgence » aux évènements. La fiction éclaire souvent la sociologie d’un sujet. Et le documentaire ? Est-il « historique » ? Est-il révélateur ? Remet-il ensemble les pièces d’un puzzle ? Peut-il agir comme un catalyseur qui stimule les réactions du public ? Reste-t-il de la docu-fiction, soumis aux aléas des réalisateurs ? La part de l’observateur perturbe-t-elle systématiquement l’évènement historique ?

Régulièrement, l’équipe de Videodrome 2 invite une personne intéressée par la programmation à venir présenter une proposition de films. La carte blanche a été cette fois investie par Dominique Blanc qui, par un corpus de films choisis aux traitements radicalement différents, souhaite poser ces questions :

Evènement historique longtemps occulté, la bataille d’Okinawa en 1945, précurseur des tragédies d’Iroshima et de Nagasaki, explorée par Chris Marker dans un saisissant « docu fiction »sur l’oubli et le souvenir, sur la médiation et la représentation de la guerre : Level 5.
Un film policier à la française, de facture très classique, sur les barbouzes qui ont assassiné l’opposant marocain Ben Barka en 1966 par Serge le Péron : mais Ben Barka n’était-il que le leader de l’opposition marocaine ou son immense portée de révolutionnaire international a-t-elle été occultée ?
Enfin un « pur » documentaire récent de Laura Poitras sorti en 2015, Citizenfour dans lequel une totale clarté par Edward Snowden sur les méthodes de surveillance généralisée de la NSA est révélée au public ; mais qu’en a-t-on fait ? La surveillance est-elle mieux contrôlée, continue-t-elle, prend-t-elle d’autres formes ? D’un autre côté, la scénarisation de Snowden, à son corps défendant, ne recrée-t-elle pas l’émotion utilisée sans cesse par les autres media pour manipuler le spectateur ? Est-on encore dans le documentaire ?

A débattre ensemble pour alimenter conscience, réflexion et…. Action ?

J’ai vu tuer Ben Barka
Serge Le Péron- 2005, France/Maroc, 1h41, VoSTFR

Janvier 1966. Dans un meublé parisien, la police découvre le cadavre de Georges Figon, l’homme qui a fait éclater le scandale de l’affaire Ben Barka et ébranlé le pouvoir gaulliste. Un an plus tôt, Figon, lassé des affaires douteuses et des escroqueries minables, est à la recherche d’un coup juteux. Proche du « milieu » depuis ses années de prison, il se voit confier une mission de grande envergure : produire un documentaire sur la décolonisation, écrit par Marguerite Duras et réalisé par Georges Franju, avec l’aide du célèbre opposant marocain Mehdi Ben Barka, engagé comme conseiller historique. Ce projet de film est un piège…

Octobre 2005  dans « le monde diplomatique », l’en-tête de l’article de René Galissot ::

Mehdi Ben Barka et la Tricontinentale :
« Lors de son enlèvement à Paris, le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka préparait la Conférence tri-continentale, qui s’est tenue à La Havane en janvier 1966. C’est cette dimension moins connue de  l’activité du dirigeant socialiste marocain – animateur des mouvements révolutionnaires du tiers-monde – que nous évoquons à l’occasion du quarantième anniversaire de son assassinat ».

Pour René Galissot, historien du Maghreb Contemporain, co-auteur de Mehdi Ben Barka, de l’indépendance marocaine à la tricontinentale  (Eddif, 1997) avec Jacques Kergoat, cet aspect de l’action de Ben Barka est à l’évidence un des mobiles majeurs de son assassinat en oct 1965, 3 mois avant cette tri-continentale  organisation anti-impérialiste des 3A du sud (Asie, Afrique et Amérique Latine), qui devait lutter contre l’impérialisme notamment en organisant  la solidarité effective entre les mouvements de libération nationale Le commis voyageur de la révolution, parti d’une défense nationaliste pour l’indépendance du Maroc concrétisée en 1955, ayant compris l’importance de la solidarité entre les divers mouvements de libération des peuples du tiers monde et les dangers du néo-colonialisme, ne pouvait pas rester
enfermé dans le cadre étroit de son seul pays ; capable de médiation au plus haut niveau des états, fustigeant l’impérialisme, désireux de réunir les 3 A, l’orateur né devait être le président de cette réunion de la tri-continentale, mais sera assassiné le 29 octobre 1965… Par qui ? Comment ? et surtout pourquoi ? Ça se passera à Paris, mais les services secrets marocains, le mossad et la CIA n’y sont sûrement pas étrangers : cette mort retentissante va occulter la vie de Mehdi Ben Barka.

Développée dans J’ai vu tuer Ben Barka sorti en nov 2005, 40 ans après sa mort et 2eme film* mettant en scène cette affaire d’état sur la phrase de révélation de Figon, un des protagonistes de l’exécution, le film s’attarde sur cette chronique d’une mort annoncée, sous forme d’un polar à l’ancienne aux rebondissements multiples et aux nombreux appâts et pigeons en ne mettant en lumière que les commanditaires marocain. Partant de Bandung (Indonésie) en 1955, 1ère rencontre des peuples du tiers monde en voie de libération à la Havane (Cuba) en 1966 où les peuples des 3 continents étaient au plus près de la révolution mondiale, tous les incroyables événements survenus pendant cette décennie ont ponctué et été ponctués par Ben Barka. Pourquoi n’a-t-on retenu que son assassinat en tant qu’opposant marocain ? Rappelons que les 2 autres secrétaires exécutifs de la tri-continentale, le Che et Amilcar Cabral (révolutionnaire guinéen) ont été assassinés, parce que aussi étaient radicalement anti-impérialistes… Mais disait Daniel Guérin, militant écrivain d’extrême gauche du XXè : « ce mort a la vie dure, ce mort aura le dernier mot »…en parlant de Ben Barka : gageons que de revoir ce film, pour autant qu’il parle de sa mort, suscitera le débat sur sa vie et sur son héritage. »
Dominique Blanc

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